Ethos estime que les informations publiées jusqu’à présent par l’entreprise au sujet du scandale de l’eau filtrée en France sont insuffisantes. En raison des enquêtes et procédures toujours en cours, les actionnaires ne devraient pas accorder la décharge au conseil d’administration pour l’année 2024. Ethos recommande également de s’opposer au rapport de rémunération ainsi qu’au rapport de durabilité.
L’année 2024 a été mouvementée pour Nestlé. Alors que les résultats financiers n’ont pas été au rendez-vous et que le CEO a été remplacé, l’entreprise a aussi dû faire face à un important scandale sanitaire. Au mois de janvier 2024, plusieurs médias francophones ont en effet révélé que Nestlé Waters avait filtré illégalement l’eau vendue par plusieurs de ses marques en France et en Suisse, parfois depuis les années 1990, et continué de la vendre en tant qu’« eau minérale naturelle ».
A la suite de ces révélations, l’entreprise a confirmé avoir eu recours à des filtres à charbon actif et des traitements non conformes à la réglementation en France. En septembre 2024, Nestlé Waters a conclu un accord pour éviter un procès et payé une amende de 2 millions d'euros pour forage illégal et traitement non-autorisé de ses eaux minérales. Une enquête est toutefois toujours en cours à la suite du dépôt de plaintes par l'association Foodwatch. Le parquet du Luxembourg a lui aussi annoncé avoir ouvert une enquête tandis que le Sénat français a mis en place une commission d'enquête qui a déjà auditionné la directrice générale de Nestlé Waters le 19 mars 2025 et le CEO du groupe le 9 avril.
Dans le cadre de ses recommandations de vote, Ethos critique le manque de transparence de l’entreprise jusqu’à présent sur cette affaire. « Nestlé ne fournit aucune information à ses actionnaires, que ce soit dans le rapport annuel ou dans les états financiers, alors même qu’elle a payé une amende de deux millions d’euros durant l’année écoulée, regrette Vincent Kaufmann, directeur de la Fondation Ethos. Cela est problématique car en tant qu’actionnaires nous sommes en droit de savoir quelles sont les responsabilités à l’interne mais également quels sont les risques encourus pour l’entreprise et les mesures mises en place pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir. »
Ethos se réjouit que sous la pression du Sénat français, le directeur de Nestlé, Laurent Freixe, a annoncé le 9 avril 2025 le lancement d’une enquête interne pour mieux comprendre les origines de cette fraude.
Cependant, au vu de la gravité des faits, du manque de transparence et des enquêtes toujours en cours, Ethos recommande de s’opposer à la décharge du conseil d’administration pour l'exercice 2024 (point 2 de l’ordre du jour). Les actionnaires devraient conserver leurs droits jusqu’à ce que la lumière et les responsabilités de cette fraude soient déterminés.
Pour ce qui concerne les autres points à l’ordre du jour, Ethos recommande aux actionnaires de Nestlé de s’opposer au rapport de rémunération jugé insuffisamment transparent (point 1.2) ainsi qu’à l’enveloppe de 70 millions de francs prévue pour la rémunération des membres de la direction générale en 2026 (point 5.2). Ethos s’oppose également à l’élection du CEO en tant que membre permanant du conseil d’administration (point 4.2). Enfin, et comme l’année passée, Ethos recommande de s’opposer au rapport de durabilité 2024 (point 1.3), notamment parce qu’il n’est fait aucune mention des récents scandales sur l’eau filtrée et les pizzas Buitoni mais également parce que Nestlé persiste à effectuer un vote consultatif et non contraignant.