04/08/2005

En 2003, la Fondation ethos s’était jointe à une déclaration d’investisseurs pour encourager les entreprises des secteurs miniers et pétroliers à plus de transparence dans les montants versés aux gouvernements pour l’extraction des ressources souterraines (voir news du 23 juillet 2003). Cette déclaration faisait suite à l’initiative EITI (Extractive Industries Transparency Initiative) du gouvernement de Tony Blair et discutée lors du G8 à Evian en été 2003.

Cette initiative cherche à développer un système efficace de publication des montants payés par les multinationales aux gouvernements afin d’assurer que ces montants se retrouvent bien dans les comptabilités nationales des pays et n’alimentent pas la corruption. Cette initiative est soutenue, outre par des investisseurs, par de nombreux gouvernements, des entreprises privées et nationales (dont BP, Shell, ExxonMobil, Total et Rio Tinto), et d’autres parties prenantes importantes telles que la Banque Mondiale et l’ONG luttant contre la corruption Transparency International.

L’importance du groupe d’investisseurs réunis autour d’un thème environnemental et social est sans précédent. Il regroupe aujourd’hui près de 60 investisseurs représentant USD 8'300 milliards sous gestion.

En mars 2005, le gouvernement britannique a organisé à Londres la première grande conférence internationale de l’EITI pour faire état des progrès réalisés depuis 2003. La conférence a été suivie avec succès par environ 300 délégués des différentes parties prenantes à l’initiative. Elle a permis de renforcer les liens entre les différents acteurs et de valider les progrès réalisés. Mentionnons parmi les résultats de cette conférence :

  • La ré-affirmation de l’engagement de tous les participants à l’initiative.
  • La publication d’un guide pour l’application des principes de l’EITI à l’attention des multinationales et des gouvernements (EITI Source Book)
  • La présentation par le gouvernement de l’Azerbaïdjan du premier rapport émis par un gouvernement sur la transparence de ses revenus issus de ses ressources souterraines et sur l’état de l’avancement de la mise en œuvre des recommandations de l’EITI. Ce rapport est le fruit d’une collaboration sans précédent entre le gouvernement de l’Azerbaïdjan, des multinationales actives sur son territoire et d’une coalition de 32 ONG locales. Ce rapport a par ailleurs été audité par Deloitte & Touche.
  • Plusieurs pays ont nouvellement annoncé leur soutien à l’initiative, dont la Bolivie, la Guinée équatoriale et la République Démocratique du Congo.
  • Une augmentation des ressources mises à disposition pour la mise en œuvre de l’EITI (la Grande-Bretagne, la France, la Norvège, les Etats-Unis, le FMI et la Banque Mondiale vont notamment augmenter les ressources allouées). Le gouvernement britannique continuera à œuvrer comme secrétariatinternational de l’EITI. Celui-ci s’appuira nouvellement sur un groupe consultatif incluant des représentants des différentes parties prenantes à l’initiative.
  • Du côté des entreprises, la grande majorité des compagnies de l’industrie extractive était représentée. Plusieurs d’entre elles ont pris la parole. BP a notamment annoncé qu’il publierait des données sur ses opérations en Azerbaïdjan concernant l’oléoduc BTC (Baku – Tbilisi – Ceyhan) très controversé. Rappelons que cet oléoduc de 1800 km, reliant la mer Caspienne à la Méditerranée, traverse l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie (région kurde notamment) et que celui-ci pose de nombreux problèmes de respects des droits humains et environnementaux régulièrement dénoncés par les ONG.

Au vu du succès grandissant de l’initiative, la prochaine conférence internationale est d’ores et déjà agendée en mars 2006.

Caroline Schum
Analyste senior

Plus d’information :
Caroline Schum, info@ethosfund.ch
La déclaration des investisseurs (mise à jour de mars 2005 en anglais): document pdf
Le site de l’EITI :
www.eitransparency.org

 

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